L'hôte invite au cérémonial, après une suite de gestes minutieux, s'assoit lentement devant les invités eux-mêmes assis sur les genoux ou jambes croisées, nettoie symboliquement la cuillère, le bol et la boîte à thé avec un tissu de soie appelé fukusa, pose la bouilloire traditionnelle en fer sur le réchaud à charbon. Le thé vert en poudre, le matcha, servi dans une grande solennité, est d'une saveur toute particulière, douce amère, herbacée, légèrement âcre, et sera nécessairement accompagné de petits gâteaux très sucrés, les wagashi, pour neutraliser l'amertume de ce thé.
Comme pour souligner le rapport à la nature les gâteaux évoluent en fonction des saisons, la feuille de cerisier enveloppe le sakura mochi, petit gâteau de printemps alors que la feuille de chêne enveloppe le gâteau de l'automne. Enfin l'eau est à la bonne température, c'est à dire frémissante, elle est versée sur le thé avec une longue cuillère en bambou. Le thé est battu pour obtenir un mélange mousseux de couleur vert jade à l'aide d'un, chasen, petit fouet en bambou...
Le mouvement est vigoureux et élégant...
L'invité d'honneur s'approche à genoux, il boit alors trois gorgées, après la première formule des compliments sur le goût du thé. Ensuite il essuie l'endroit où ses lèvres ont touché le bol, avec le kaishi, petite serviette, et passe le bol au second invité et ainsi de suite...
Une simple cérémonie dure environ quarante minutes, mais peut durer trois heures si elle est accompagnée de l'élégant repas traditionnel, kaiseki...
Pour nous autres occidentaux, cet échange subtil où les conversations sont différées, où il est question de divertir ses hôtes tout en se laissant divertir par eux, où toutes les émotions semblent contenues et respectées est déroutant.
Il y a cependant la magie du lieu, la sérénité qui en découle, indiscutablement c'est un moment intemporel qui apaise l'esprit et transporte dans un ailleurs, appelé tout simplement le bien être.